Ce n’est pas la rumeur qui gagne — C’est le flou qui l’a laissée entrer

Apr 11 / Ekedi Kotto Maka

Comprendre les failles narratives plutôt que parler systématiquement de désinformation

Le mot « désinformation » est devenu un fourre-tout. Il désigne à la fois la manipulation, l’ignorance, le complotisme, ou simplement l’incompréhension. En le brandissant, on croit souvent nommer le problème, alors qu’on ne fait que l’éloigner...

Parler uniquement de désinformation, c’est souvent traiter l’effet sans oser aller vers les causes. Ce qui circule n’est pas toujours faux. Ce qui influence n’est pas toujours manipulé. Ce qui trouble n’est pas toujours illogique. 

Quand le récit dérape, il est possible qu’il n’y avait pas de récit clair en face

Ce que l’on appelle « désinformation »  est très souvent l’aboutissement d’un vide narratif : un flou, une absence, une faille.

Lorsqu’une organisation, une institution ou même une communauté ne prend pas soin de clarifier sa présence, ses intentions et ses mouvements, d’autres récits s’invitent. Parfois, ils s’installent durablement. Un récit alternatif n’a besoin ni d’être vrai, ni d’être cohérent. Il lui suffit d’apporter une explication simple à un ressenti flou.

 À méditer :

(S'applique aux organisations ou personnalités publiques) 
  • Quelle place laissons-nous aux récits « par défaut » ?
  • Avons-nous laissé nos silences devenir interprétables ?
  • Qui comble les absences que nous ne comblons pas nous-mêmes ?

Les crises de sens naissent souvent dans l’oubli du lien

Plutôt que de désigner la désinformation comme un virus à éradiquer, on pourrait la considérer comme un symptôme relationnel. Un signe que le lien est rompu, que la parole ne circule plus avec clarté ni confiance.

Ce que les discours biaisés ou trompeurs savent faire :

  • Parler à l’émotion avant la raison.
  • Créer un sentiment d’appartenance.
  • Nommer ce que d’autres évitent de dire.
C’est là qu’il faut agir. Non en réaction, mais en reconstruction du lien.

  À méditer :

(S'applique aux organisations ou personnalités publiques) 
  • À quelles émotions nos discours répondent-ils vraiment ?
  • Parlons-nous depuis un lien réel, ou depuis une posture défensive ?
  • Ce que nous disons crée-t-il de la reconnaissance ou de la distance ?

Pour aller plus loin

Ce n’est pas le faux qui triomphe du vrai. C’est l’écho émotionnel qui surpasse l’argument rationnel. Derrière chaque récit qui dévie, il y a un espace abandonné. Une relation à retisser. Une écoute à rétablir. Un positionnement à redéfinir.

Rectifa vous aide à regarder au bon endroit : là où le lien peut être restauré avant que le brouillard ne s’installe.